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Bénin/ Prix Découvertes Rfi : La disette continue

Beaucoup d’émotions mardi pour Elemotho, le musicien, auteur-compositeur-interprète namibien  qui a remporté hier l’édition 2012 du prix de musique Rfi découvertes. En revanche assez de déception pour les béninoises du groupe Teriba dont le pays peine depuis plusieurs décennies maintenant à gagner de nouveau cette récompense après le sacre de Sagbohan Danialou, artiste de talent surnommé l’homme orchestre, qui lui, l’avait remporté en 1991. Problème d’inspiration des artistes ou manque de compétitivité de la musique béninoise au niveau international, la question mérite d’être posée.

 

Autrefois, c’était les koras Awards que les béninois n’arrivaient pas à empocher. Puis le sort fut conjuré. Et les Béninois en empochèrent trois d’un coup au cours de l’édition 2005 et un tout dernier lors de l’édition de Ouaga. Eux qui n’en avaient plus vu la couleur depuis les saisons glorieuses d’Ebawadé et Gbessi Zolawadji. Désormais, la traversée  du désert en matière de reconnaissance pour la musique béninoise se trouve sur le chemin du prix Découvertes Rfi. De Tchalé à Teriba en passant par Patrick Ruffino, etc, tous ont raté le coche, barré dès les préliminaires ou tombant en Finale. Concours destiné aux chanteurs résidant en Afrique et dans les îles de l’océan Indien,  les prix découvertes Rfi célèbrent le talent  musical africain  en même temps qu’il offre de la visibilité au pays du lauréat. Le lauréat s’offre une dotation  de  10 000 €, une large promotion de son album, un concert à Paris et une tournée en Afrique.

 Beaucoup d’artistes comme Tiken jah Fakoly (Côte d’Ivoire), Amadou et Mariam (Mali) Sally Nyolo (Cameroun),  ou encore Sia Tolno (Guinée), l’avant dernière lauréate y ont trouvé un point d’envol  pour leur carrière. Raison pour laquelle, artistes en herbe, célébrités en devenir, tous y participent. Pour l’édition 2012, c’est un namibien  du nom d’Elemotho, venu du désert du kalahari qui le remporte. Elemotho a deux albums à son actif.  Parmi les finalistes, se trouvait entre autres le trio féminin Teriba. Un trio tant attendu mais comme la plupart des artistes béninois qui participent à ce concours depuis quelques années, est passé à côté. Pourquoi cette disette béninoise à Rfi Découvertes.

Courage Teriba !

Depuis 1991, aucun artiste béninois, chanteur, compositeur, interprète ou les trois à la fois, n’a plus gagné ce prix ? Le ver est peut-être dans le fruit. En s’exprimant au sujet du lauréat 2012, la présidente du jury Angélique Kidjo, a estimé qu’Elemotho fait une musique qui chante l’Afrique, reflète l’Afrique ancestrale, celle de nos grands pères. Il chante et raconte son histoire à la manière de nos parents le soir au clair de la lune avec des instruments traditionnels même si sa musique comporte quelques signes du modernisme, a semblé affirmé la  présidente du Jury. C’est donc sans doute cet aspect qui a plu au jury. Une musique dans laquelle on devrait sentir l’Afrique respirer, souffler, haleter, raconter son quotidien ses peines et ses joies à la manière d’avant, sans frioritures. Ça les béninois devront encore apprendre à le faire. Le trio Teriba, on le sait, a depuis son dernier album, commencé à emprunter ce chemin. Si les filles ne sont pas parvenues à enlever le trophée cette fois-ci, c’est qu’il reste certainement des choses à parfaire. Courage, le chemin est peut-être long, tortueux, avec beaucoup de bosses, crevasses et  épines par endroits mais le combat pour une musique béninoise authentique qui reflète la vraie Afrique passe par là. La leçon est valable pour tous les autres qui aspirent non seulement à ce concours mais à une place sur la scène internationale. Le copier coller, le plagiat des identités musicales étrangères avec quelques zestes culturels venant du Bénin ne nous mènera nulle part. Ce énième prix découvertes Rfi raté nous en apporte la preuve.   

Par Alban CODJIA

 

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