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Ceremonie d’hommages : Deux ambassadeurs inhumés ce week-end

L’arrière-cour du nouveau bâtiment du Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l’Extérieur a servi de cadre vendredi à la cérémonie d’Hommages et de recueillement des autorités à divers niveaux ainsi que du personnel dudit Ministère et dans le respect de l’ordre protocolaire, à « La mémoire des Feux » Guy Landry HAZOUME, Ancien Ministre des Affaires Etrangères et Christophe GBEGBO, Ancien Ministre-Conseiller et Chargé d’Affaires par intérim à l’Ambassade du Bénin à Abidjan. Une cérémonie placée sous le Haut Parrainage du Patron de la diplomatie béninoise, le Professeur Nassirou BAKO-ARIFARI.

Prévue pour démarrée à 12 heures, la première cérémonie d’Hommages et de recueillement dédiée à la mémoire de Feu Guy Landry HAZOUME, Ancien Ministre des Affaires Etrangères du Bénin, a connu plus d’une (01) heure de retard. La raison est toute simple : le Chef de l’Etat, Docteur Boni YAYI, a souhaité se joindre à l’assistance pour rendre un ultime hommage à l’illustre disparu, dans ce Ministère qui était le sien et à qui il a beaucoup donné. Au dernier moment, son agenda n’a pas pu lui permettre d’effectuer le déplacement. Mais ce retard dans le déroulement du programme n’a en rien émoussé les ardeurs des uns et des autres (Anciens Ministres, Anciens Ambassadeurs et Membres de l’Association des Retraités du Ministère des Affaires Etrangères, Ministres Plénipotentiaires des Affaires Etrangères, Membres du Cabinet du Ministre, Directeurs et autre personnel du Ministère) qui, à l’occasion, ont fait montre d’une patience à toute épreuve. Au cours de son oraison funèbre, le Ministre Nassirou BAKO-ARIFARI a d’abord rappelé que « c’est pour une première fois que, coup sur coup, et dans la même journée, une double cérémonie est organisée pour rendre hommage à deux collègues qui nous sont Chers ». Il n’a pas tari d’éloges, je dirais bien mérités, à l’endroit de celui qu’il a tenu à désigner sous le titre de « Ministre Guy Landry HAZOUME », un monument de la diplomatie béninoise, qui jouissait d’une paisible retraite jusqu’à ce fatidique mercredi 22 août 2012 où il a tiré sa révérence, dans sa 72ème année.
Le Ministre Guy Landry HAZOUME faisait partie de ceux qui en ont vu d’autres. Né le 10 juin 1940 à Port-Gentil au Gabon et après des études de Philosophie et de Sciences Politiques à la Sorbonne de 1962 à 1965, il intègre l’Institut des Hautes Etudes d’Outre-mer de Paris, d’où il sort avec un diplôme de la section diplomatique en 1965. En juin 1966, il est recruté au Ministère des Affaires Etrangères où il est aussitôt nommé Directeur Adjoint des Affaires Politiques. C’est parti pour une belle et exemplaire carrière de diplomate et d’universitaire qui lui ont valu, au sommet de son art, successivement les postes de Directeur Général du Ministère des Affaires Etrangères de juillet 1981 à septembre 1982 ; d’Ambassadeur du Bénin auprès du Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique à Washington D.C, avec juridiction sur plusieurs autres pays de la région de juin 1983 à février 1987 et de février 1987 à août 1989, de Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. A son actif, on peut citer plusieurs ouvrages, dont le mémorable Idéologies tribalistes et Nation en Afrique : le cas du Dahomey, publié en 1972 à Paris et qui reste, à ce jour, une référence. Le Ministre Guy Landry HAZOUME avait un mot d’ordre à l’endroit du personnel que le Patron de la diplomatie béninoise n’a pas manqué de rappeler pour la circonstance : « il vous faut rêver un peu et être déterminé à réaliser son rêve par le travail, en toute bonne conscience du devoir bien accompli, dans la discipline et avec probité. » En réponse, le représentant de la famille éplorée, le Professeur à la retraite Marc-Laurent HAZOUME, dans son mot de courtoisie, n’a fait qu’exprimer le vœu, qu’ « au-delà de la reconnaissance des hommes, que ce digne fils de la patrie soit recueilli par DIEU dans sa demeure éternelle. » 
Que dire de plus après tant d’éloges et de reconnaissance. Peut-être faut-il encore laisser Alfred de VIGNY, dans son poème-culte La mort du loup, nous rappeler qui nous sommes : « Hélas ! Ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes, Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes ! Comment on doit quitter la vie et tous ses maux, C'est vous qui le savez, sublimes animaux ! A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse. »

Adieu Guy Landry !
La deuxième cérémonie d’hommages et de recueillement a été consacrée à la mémoire de Feu Christophe GBEGBO, Ancien Ministre-Conseiller et Chargé d’Affaires par intérim à l’Ambassade du Bénin à Abidjan, rappelé à DIEU le mardi 21 août 2012 dans sa 60ème année.

Lors de son oraison funèbre, le Secrétaire Général du Syndipat-MAE, le diplomate Jimmy AGONGBONON, a exprimé à l’endroit de la famille éplorée, au nom du personnel du Ministère, sa « profonde compassion et sa solidarité dans l’épreuve. » Il a ensuite rendu grâce à DIEU. Car, dira-t-il, « la vie et la mort sont du domaine de DIEU. » Monsieur Jimmy AGONGBONON a beaucoup insisté sur les qualités  intrinsèques de l’homme, qui constitue, à n’en point douter, l’un des piliers et des modèles sur lesquels la nouvelle génération compte, en termes de conseils et d’orientation, pour relever les nombreux défis qui jalonnent l’exercice de la fonction de diplomate qui, encore plus que par le passé, exige plus d’engagement, de doigté, de finesse et du métier. Malheureusement, l’Aîné s’en est allé et la phrase incontournable a été prononcée par le Secrétaire Général du Syndipat-MAE, le diplomate Jimmy AGONGBONON : « Va et que ton âme repose en paix ! »
Le Ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l’Extérieur, le Professeur Nassirou BAKO-ARIFARI, prendra ensuite la parole pour un speech dont l’engagement émotionnel était, on ne peut plus palpable. Et pour cause : juste après sa nomination, le Patron de la diplomatie béninoise s’est rendu à Abidjan pour les obsèques de la belle-mère du Président du Faso, Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE. A cette occasion, c’est Feu Christophe GBEGBO qui l’a accueilli à l’aéroport. Au cours du séjour du Ministre Nassirou BAKO-ARIFARI, ils ont beaucoup échangé sur les dures conditions d’exercice de représentation du Bénin dans une Côte-d’Ivoire où il est même arrivé que son domicile essuie les balles des assaillants. Autant dire que ce fut un réel moment de partage et de complicité. Et tout naturellement, cela s’est ressenti lors de l’oraison funèbre du Chef de la diplomatie béninoise, surtout lorsqu’on sait que le diplomate est décédé à son lieu de travail, à son poste, (les hommes en uniforme diraient « les armes à la main ») et à un moment où il s’apprêtait à faire valoir ses droits à la retraite.
Pour la petite histoire, Monsieur Christophe GBEGBO a pris service au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération un certain 17 août 1981. Il a servi dans plusieurs services du Ministère, aussi bien à l’administration centrale qu’en poste à l’étranger ; son dernier poste fut celui de Ministre-Conseiller à l’Ambassade du Bénin à Abidjan où il exerça, à différentes occasions et en différentes circonstances, les fonctions de Chargé d’Affaires et n’a pas manqué de forcer l’admiration des premiers responsables du Ministère des Affaires Etrangères de Côte-d’Ivoire.
Pour le Ministre Nassirou BAKO-ARIFARI, « Tout au long de sa carrière, Feu Christophe GBEGBO a toujours fait preuve d’une qualité humaine et professionnelle remarquable. Agent d’une compétence éprouvée et d’une grande disponibilité, homme affable, toujours prêt à vous écouter, il constitue assurément pour ses collègues, en particulier ceux de la génération montante qui ont eu le privilège de la connaître et de travailler avec lui, un modèle à suivre. »
Le représentant de la famille, Monsieur Médard GBEGBO, fils de l’illustre disparu, aura marqué, d’un sceau indélébile, cette deuxième cérémonie par ses mots venus du « cœur ». Répétant son père défunt, il dira que « Les discours les plus profonds sont ceux qui viennent directement du cœur. » Autre phrase mémorable qui nous reste de son intervention tirée des leçons de son géniteur : « Etre mari est une joie. Etre un père, est une grâce ; et être diplomate, plus qu’un métier, est un appel. » Jamais deux sans trois. Pour remercier l’assistance de ce soutien indéfectible, il est encore allé tirer les mots du répertoire visiblement très fourni de son feu père : « Mon père a toujours cherché un mot plus fort que merci pour manifester sa gratitude. Il a fini par le trouver avant sa mort. Je vais vous le dire. Le mot plus fort que merci, c’est : Que DIEU vous bénisse ! »
A la fin de cette double cérémonie, s’il y a une phrase qui peut résumer le mieux l’impression générale au sein de l’Association des Retraités, toutes catégories confondues, du Ministère des Affaires Etrangères, de la Francophonie et des Béninois de l’Extérieur, c’est que ce qui s’est passé ce vendredi 21 Septembre 2012, de mémoire de diplomate béninois, ne sait jamais passé auparavant… une cérémonie d’Hommages et de recueillement aussi grandiose et aussi emprunt de solennité et de prestance. Et ce n’est pas pour autant une prière pour que les Anciens de la « Maison vitrine du Bénin » meurent au plus vite… Simplement qu’il faut savoir dire « adieu ! » à ceux qui nous précèdent. Quelque chose se faisait avant. Un pas de plus a été franchi ce vendredi. Et il faut souhaiter le meilleur pour demain. Sans oublier que la meilleure des reconnaissances est celle qui honore l’homme de son vivant. QUE DIEU VOUS BENISSE !

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