Les associations de professionnels des médias ont
réagi lundi par rapport à la déclaration de la Haute autorité de l’audiovisuel
et de la communication qui a menacé il y a quelques jours de suspendre tout
organe de presse, sur des commentaires relatifs aux propos sensibles tenus par le chef de
l’Etat dans son entretien télévisé du 1er Août. Dans un communiqué
rendu public, l’Union des professionnels des médias du Bénin et le Conseil
national du patronat de la presse et de l’audiovisuel se disent inquiets par
rapport au contenu de la déclaration de la Haac et « aux menaces qui en découlent ».
Leur espoir est que « la Haac, tout en jouant
très objectivement son rôle de
régulateur du fonctionnement des médias, jouera aussi et surtout son rôle de protection des acteurs des
médias ».
Face à cette
situation, l’Upmb et le Cnpa convient les professionnels des médias au
professionnalisme et la responsabilité tout en restant vigilants pour « la
sauvegarde des libertés publiques en général et la liberté de presse en
particulier ».
encadré
le communique conjoint de l’upmb et
du cnpa
Les Associations
professionnelles des médias du Bénin : l’Union des Professionnels des
Médias du Bénin (UPMB) et le Conseil National du Patronat de la Presse et de
l’Audiovisuel du Bénin (CNPA Bénin) ont enregistré avec un grand intérêt la
dernière déclaration de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la
Communication (HAAC) en date du 5 septembre 2012, une déclaration qui constitue
une mise en garde contre la diffusion et la publication depuis quelques
semaines à travers les médias béninois d’articles, d’émissions et de propos qui
seraient « injurieux ou parfois haineux » et seraient
« susceptibles de mettre en péril la paix sociale, la cohésion et l'unité
nationales ».
La HAAC menace de faire usage de ses pouvoirs
constitutionnels de veille déontologique et des prérogatives que lui confère sa
Loi Organique pour, d’une part, suspendre tout organe de presse écrite
ou audiovisuelle qui, désormais, publiera, diffusera de son propre
chef ou servira de relais à tout article ou propos en
violation de sa Loi Organique, de ses Décisions et du code de
Déontologie et pour, d’autre part, interdire d'antenne des
animateurs ou auteurs de commentaires de presse présentés comme des revues de
presse en langues nationales, d’émissions et de reportages sur des
télévisions et des radios et qui s'obstineraient à envenimer une certaine
« situation ».
La HAAC menace même d’agir rétroactivement en se
réservant le droit d’apprécier et de sanctionner des dérapages et
manquements dans le traitement de l’information qu’elle aura constatés et qui
ont eu lieu antérieurement à sa dernière déclaration et qui ont
« notamment trait aux réformes politiques, économiques, agricoles et à la
crise au niveau du football ».
Il faut rappeler que la « situation » en
question, ce sont d’une part les propos tenus par le Chef de l’Etat en personne
lors d’un entretien télévisé diffusé le 1er août 2012, précisément
sur les réformes politiques, économiques, agricoles et la crise au niveau du
football et d’autre part, les réactions diverses de toutes tendances qui y ont
fait suite.
Les Associations professionnelles des médias saluent
le « souci de la HAAC de ne pas entraver le droit du public à
l’information » et qui l’a amené jusqu’à sa dernière déclaration à
observer « un silence attentif ».
Seulement, elles
regrettent le « silence attentif » dans lequel s’est muré la HAAC
suite aux propos du Président de la République qui a publiquement déclaré qu’il
se retient de « faire du mal » à des journalistes (qu’il a
désignés) alors qu’ « il en a bien les moyens ». Pourtant, il
s’agissait bien là de menaces à peine voilées venant du Premier Magistrat
contre l’intégrité physique de professionnels de médias.
Or, la
Constitution béninoise du 11 décembre 1990 dont se prévaut la HAAC pour vouloir
sanctionner aujourd’hui dispose en son Article 24 que « la liberté de
la presse est reconnue et garantie par l'État. Elle est protégée par la Haute
Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication dans les conditions fixées par
une loi organique » et en son Article 142 que « la Haute
Autorité de l'audiovisuel et de Communication a pour mission de garantir et
d'assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que tous les moyens
de communication de masse dans le respect de la loi ».
La même loi
organique n°92-021 du 21 août 1992 dont se prévaut la HAAC pour vouloir
sanctionner aujourd’hui dispose aussi en son Article 1er que « nul
ne peut être empêché, … ni inquiété de quelque façon dans l’exercice régulier
de sa mission de communicateur » s’il a satisfait aux dispositions de
ladite loi organique. Les dispositions de l’Article 5 de la même Loi organique
lui imposent « de garantir et d’assurer la liberté et la protection de
la presse ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le
respect de la loi ».
De plus, le Code
de déontologie de la presse béninoise dont se prévaut la HAAC pour vouloir
sanctionner aujourd’hui édicte pourtant en son article 24 que « le
Journaliste a droit, sur toute l’étendue du territoire national, et ce sans
condition ni restriction, à la sécurité de sa personne, de son matériel de
travail, à la protection légale, au respect de sa dignité ».
Quelle lecture
et surtout quelle application effective fait la HAAC de ces dispositions
constitutionnelles, légales et déontologiques ?
Le débat d’idées
sur des sujets relatifs, entre autres, aux réformes politiques, économiques,
agricoles et à la crise au niveau du football participe de la solidification de
notre édifice démocratique et les médias ont, non seulement, le droit mais
aussi et surtout le devoir d’y contribuer. La confrontation d’idées ne pourra
être passée sous silence par la presse béninoise et ne saurait souffrir de
bâillonnement, même s’il faut relever que certains propos dangereux devront
faire l’objet d’autocensure par les acteurs des médias eux-mêmes.
Les Associations
professionnelles des médias expriment leurs vives inquiétudes par rapport au
contenu de cette dernière déclaration de la HAAC et aux menaces qui en
découlent. Elles espèrent
que la HAAC, tout en jouant très objectivement son rôle de régulateur du
fonctionnement des médias, jouera aussi et surtout son rôle de protection
des acteurs des médias.
Voilà pourquoi
l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) et le Conseil National du
Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel du Bénin (CNPA Bénin), tout en
encourageant les acteurs des médias à faire davantage preuve de rigueur
professionnelle dans le traitement des informations (puisque la liberté de la
presse rime avec responsabilité et professionnalisme), les appellent surtout à rester
vigilants pour la sauvegarde des libertés publiques en général et de la
liberté de la presse chèrement conquise en particulier.
Cotonou le 10
septembre 2012
Pour le
CNPA
Pour
l’UPMB
Le
Président Le
Président
Malik
GOMINA
Brice HOUSSOU
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire